Une famille protestante alsacienne

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Dans mon ascendance, je n’ai trouvé aucune famille protestante. Il faut dire que les campagnes du Nord, de Bretagne ou de Bourgogne ne sont pas des régions où les protestants étaient nombreux.
Par contre, dans la généalogie de ma belle-famille, on trouve une majorité de Lorrains et d’Alsaciens et donc, j’ai pu trouver une branche protestante.

La famille ROSENFELDER de Pfaffenhoffen (67)

C’est sur l’acte de naissance de Charles ROSENFELDER que je trouve mention d’une religion différente. En 1895, l’Alsace et la Moselle sont allemandes. Or, les actes allemands rédigés à partir de 1876 mentionnent la religion des individus.
En s’appropriant (un peu) l’allemand et son écriture cursive du XIXe siècle, j’ai pu déchiffrer le terme : « evangelisher », soit évangélique. Il désigne la religion protestante luthérienne, à différencier à cette époque de la religion protestante réformée (issue du mouvement calviniste).

Extrait de l’acte de naissance de Charles ROSENFELDER, 25/07/1895, Pfaffenhoffen, Archives départementales du Bas-Rhin

Pour illustrer la recherche généalogique concernant une famille protestante, j’ai choisi la généalogie cognatique de Charles.

2ème génération

Charles est le 5ème enfant de Philipp ROSENFELDER (1863-après 1912) et de Salomea LEIFER (1867-après 1912). Leur acte de mariage du 27/12/1888 à Pfaffenhoffen mentionne qu’ils sont tous les deux luthériens. Ils auront 12 enfants.

3ème génération

Philipp est le fils de Philipp ROSENFELDER (1832-1907), cordonnier, et de Maria MORITZ (1836-1906). Il est le seul garçon d’une fratrie de six enfants.

Maria est originaire de la paroisse voisine de Zutzendorf (qui est aujourd’hui couplée à Obermodern). Leur acte de décès mentionne qu’ils sont tous les deux protestants.

4ème génération

Les parents de Philipp sont Johann Georg ROSENFELDER (1799-1864) et Margaretha KIEHL (1808-1886). La famille aura 9 enfants.

Jusqu’au milieu du XIXe siècle environ, les individus ont souvent deux prénoms et se font appeler dans la vie courante par le second. Le premier prénom est celui qui se transmet dans la famille (ici, Johann).
A cette époque, les actes ne mentionnent pas la religion. Ils ne sont pas non plus différenciés puisqu’il s’agit d’actes d’état civil depuis la Révolution, et non pas d’actes paroissiaux.

5ème génération

Georg est le fils de Johann Andreas ROSENFELDER (†1798) et d’Anna Barbara BAUER. On retrouve l’acte de baptême de son frère aîné Andreas dans les registres paroissiaux protestants de Pfaffenhoffen.

Le protestantisme en Alsace et à Pfaffenhoffen

La réforme luthérienne est introduite en Alsace en 1525. Les écrits de Luther y sont imprimés et des prédicateurs les diffusent, comme Martin Bucer à Strasbourg. Jean Calvin a également exercé à Strasbourg de 1538 à 1541.

Ces influences allemandes et suisses se retrouvent dans les généalogies. L’ascendance complète de Charles ROSENFELDER présente des individus allemands (les SCHMIDT, 5ème génération) et suisses lointaines (source : plusieurs généalogies sur généanet, à vérifier).

Certaines paroisses, comme Pfaffenhoffen, deviennent à majorité protestantes (luthériennes ou réformées). A Pfaffenhoffen réside une majorité de luthériens. Lors du recensement de 1890, on dénombre 1350 habitants, dont 1054 protestants (soit 78% de la population), 200 catholiques (15%) et 96 israélites (7%).

Jusqu’au XIXe siècle, se pratique le simultaneum : les églises sont à l’usage des catholiques et des protestants. En 1802, Napoléon Bonaparte organise les deux cultes protestants : l’Eglise de la Confession d’Augsbourg (luthérienne) et l’Eglise réformée. De nombreux temples sont construits au XIXe siècle.




L’église catholique de Pfaffenhoffen, qui hébergea le simultaneum de 1685 à 1885, Wikipedia

La particularité des registres en Alsace

L’Alsace fait partie du Saint Empire romain germanique de 962 à 1648. Les actes paroissiaux sont donc rédigés en allemand (et en gothique).

Lors du rattachement de l’Alsace à la France en 1648, après la guerre de Trente Ans, le roi autorise le maintien d’un particularisme local : le français n’est pas rendu obligatoire pour la rédaction des registres paroissiaux, contrairement au reste de la France depuis 1539 (édit de Villers-Cotterêt). Ils continuent donc d’être rédigés en latin (registres catholiques) et en allemand (registres protestants).

Les protestants conservent également le libre exercice de leur culte, contrairement au reste de la France où il est interdit après la révocation de l’édit de Nantes en 1685. Ils tiennent donc des registres spécifiques de baptêmes, mariages et sépultures.

En 1792, les autorités révolutionnaires mettent en place les registres d’état civil où registres catholiques et protestants sont mélangés. Les actes sont obligatoirement tenus en français, même les prénoms sont francisés (et ce, même si les individus parlent toujours un patois germanique, que l’on remarque à leurs signatures).

  
Signatures de Georg ROSENFELDER et de son beau-père Michel KIEHL, extrait de l'acte de mariage de Georg ROSENFELDER et de Margaretha KIEHL, 20/02/1827, Pfaffenhoffen, Archives départementales du Bas-Rhin

En 1870, l’Alsace redevient allemande. Les actes redeviennent allemands jusqu’en 1918.

Sources

Archives départementales du Bas-Rhin :
Registres paroissiaux et d’état civil :
- Pfaffenhoffen : N an VII (4 E 372/1), N 1832 (4 E 372/3), N 1863 et 1867 (4 E 372/4), N 1895 (4 E 372/17)
- Zutzendorf : N 1836 (4 E 562/2)
Clés pour la recherche, archives et généalogie

Yekoland : recensement de 1890 à Pfaffenhoffen

Wikipedia : la Réforme protestante, L'Edit de Nantes, le protestantisme en Alsace

Généalogie de la famille Emig-Buisson : de la généalogie protestante en Alsace

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1 commentaires

  1. L'Alsace dans sa totalité n'est devenue française qu'en 1792. Aussi entre 1680 et cette date la situation des protestants dépendait de la possession dans laquelle ils vivait - mes ascendants alsaciens étaient sujets du duc de Wurtemberg (seigneuries de Riquewihr et de Horbourg) et sont ainsi devenu français à la Révolution. Il est donc impossible de traité l'Alsace comme un ensemble - à voir à emig.free.fr

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